Sarkozy est en train de rater sa sortie.
Il a été dit suffisamment que son mandat ne laissera aucun symbole
positif, genre abolition de la peine de mort ou même suppression du
service militaire obligatoire. Le passif en revanche est assez
lourd. Les adorateurs fidèles pouvaient encore espérer que la ligne
"il a obéi tranquillement à Merkel pendant la crise" assurerait à
leur héros au moins une image de grand homme d'État.
Il pouvait perdre tranquillement et même se dire victime collatérale
de la crise qui a balayé tant d'autres chefs d'État européens. Il
pouvait tenter de sauver les meubles en se montrant à la hauteur,
digne.
Dupont : Nous bander les yeux ?… Jamais de la vie : un Dupont veut
voir la mort en face…
Dupond : Je dirais même plus : un Dupond veut voir la fort en masse !…
Mais non. Il sera de ceux qui s'aggrippe à leur fauteuil jusqu'au
dernier moment, comme il gardait le stylo roumain. Ne rien
lâcher. Parfois, Monsieur le P., le brave est celui qui sait
renoncer. Sarkozy est en train de parfaire le portrait que l'on
gardera de lui : celui qui était toujours prêt à s'abaisser pour
plaire. Souvenez-vous de ses discours siropeux à Washington, Londres
et Rome où s'est senti le besoin de séduire les plus forts, même
parfois contre son propre pays. Il n'est pas difficile d'imaginer que
son ascension fulgurante dans les rangs du RPR était due à cette
tendance à flatter ses supérieurs.
Manque de chance (mais c'est plutôt karmique) : le dernier "plus fort"
auquel il aura affaire pendant son mandat, ce sera les électeurs du
Front National. Et comme d'habitude, son intérêt personnel va prendre
le dessus. Il est difficile de dire qu'il sert encore une cause, tant
il est prêt à trahir les idéaux qu'il était censé défendre. La seule
cause qui reste est la sienne, et pour l'avancer il part séduire les
électeurs de l'ennemi héréditaire du mouvement gaulliste, en donnant
des gages de crédibilité républicaine à cette force de mystification
qui trafique le malheur des gens avec une illusion xénophobe
fondamentalement dangereuse, fondamentalement et irrévocablement
anti-républicaine.
C'est la dernière "France" qui lui reste à séduire. Il n'hésite pas,
il se lance, s'abaisse, nous rabaisse en même temps, détruit ce qui
lui restait de crédibilité historique dans la vaine tentative de
grappiller quelques points. Bassesse, faiblesse, petitesse,
mesquinerie, narcissisme.
Si c'est bien cette image que l'histoire gardera de Nicolas Sarkozy,
il aura tout fait pour la mériter.
- 2 comments • Category: sarkozy, xénophobie
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2 comments
Est-il nécéssaire de le dire j'abondes totalement. Je n'applaudis pas car il n'y a rien à applaudir. Y'a pas longtemps à ce propos j'ai dis à un de mes proches qu'il n'ya pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir...ce que je ne comprends pas c'est qu'ils soient si nombreux a préférer se crever les yeux ...
by Noum on 25 avril 2012 à 19:24. #
Il ne reste plus tellement de sarkozystes, quand même. Et même parmi ceux qui ont voté pour lui, certains ont dû boucher au moins une narine. Il y a une population d'irréductibles de la droite conservatrice qui ne peuvent pas voter à gauche.
Ce qui me surprend encore, c'est la fascination des médias, qui a duré si longtemps. Elle commence tout juste à se fissurer, et encore c'est très léger.
(Et merci pour vos commentaires. Cela fait plaisir.)
by Omelette Seizeoeufs on 25 avril 2012 à 22:58. #