Sarkozy défait par l'excès de sa propre puissance

by omelette16oeufs on mercredi 18 avril 2012

Échec et excès se trouvent bizarrement associés, dans ce qui devraient
être les derniers jours du règne du "Monarque". Le paradoxe de
Sarkozy, c'est aucun président jusqu'à présent n'a amassé autant de
puissance politique, médiatique, financier, autant de réseaux. Le
principal parti d'opposition a passé la plus grande partie du
quinquennat affaibli par "l'ouverture" et engagé surtout dans des
querelles et des luttes internes. L'UMP, malgré quelques petites
rivalités inévitables, est restée globalement unie derrière son futur
candidat. Le rival chiraquien fut neutralisé par l'affaire
Clearstream. Le principal danger à gauche se retrouve embourbé dans de
sombres histoires éroto-judiciaires. De bien de points de vue, c'était
le paradis sarkozyste sur terre.



Cette situation aurait dû garantir une réélection facile. Tout était
boulonné. Je me souviens d'avoir dit, à de nombreuses reprises,
"certes Sarkozy est impopulaire maintenant, mais c'est parce qu'il n'y
a personne en face". En plus des ses énormes avantages stratégiques,
on savait que Sarkozy était un excellent tacticien électoral.



Le fidèle sarkozyste, lisant ces mots, objectera, hagard : "mais la crise !
mais la crise ! Vous oubliez la crise, espèce de sale gauchiste à la
mauvaise foi grande comme le trou de la Sécu !" Cela n'a sûrement pas
aidé, je reconnais, mais une fois que le fidèle sarkozyste aura
réussi à se maîtriser, je lui ferai juste remarquer que l'impopularité
de son champion date d'avant les subprimes. Ses Ray-Bans et ses
fiancailles à la hussarde avec un top', son "pov'con" et autres fautes
de goût avaient déjà commencé à plomber son image.



Pour montrer à quel point je voudrais être bienvieillant envers le Chef de
l'État, je dirais que malgré Carla, les Ray-Bans et la crise, tout
pouvait encore être rattrapé. Il avait le temps, trois ou quatre ans
pour se "représidentialiser" ou encore trouver une nouvelle manière de
séduire la France. Il avait le temps et les ressources, même si on
oublie l'ombre des 50 millions (80 millions de dinars) de l'ami
Mouammar.



Qu'est-ce qui s'est donc passé ?



Pour une partie importante de la population, y compris beaucoup des
"braves gens" qui étaient la cible principale de Sarkozy en 2007, le
Très Grand Homme (TGH) est devenu parfaitement, définitivement
imbuvable. Ce mouvement de foule peut s'expliquer de diverses façons,
et je suis sûr que les historiens s'interrogeront longuement
là-dessus.



L'extrême personalisation de l'action politique, ainsi que la
centralisation du pouvoir sont, ensemble, responsables de son
échec. La personalisation expose chaque petit défaut, et le projete
sur l'écran géant du pays entier. Combinée avec le poids du pouvoir,
la personalisation fait que quand le Président est léger, il paraît
lourd et trop léger à la fois ; quand il est lourd, le bonhomme n'est
pas à la hauteur du personnage qu'il voudrait incarner. Il voudrait
dominer en fascinant, mais la fascination conduit vite ridicule des
moindres gestes.



Tous les avantages du Président-Candidat et du Candidat-Président ont
finit par l'écraser. Dans un système sans contre-pouvoir, Sarkozy a
réussi à en créer un, un contre-pouvoir populaire, le refus d'une
majorité des français d'être dominés par le système
médiatico-politique. Plutôt que de mettre en cause tout le système,
ils en veulent à celui qui se glorifie d'en être le
marionnettiste-en-chef. Sarkozy s'est finalement écrasé lui-même, sous
le poids du trop plein des pleins pouvoirs.

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